samedi 22 juin 2013

Déclaration faite à l’Assemblée Générale du GROUPE GASCOGNE du 20/06/2013 et lettre ouverte aux salariés

Déclaration faite à l’Assemblée Générale du GROUPE GASCOGNE du 20/06/2013 et lettre ouverte aux salariés



Il y a un an, le 5 juin 2012, lors de cette même assemblée, le collectif des syndicats CGT du Groupe Gascogne, appelait l’ensemble de ses salariés à se mobiliser pour lutter contre la mise en vente de sa branche « complexe. Il est utile de rappeler que nous n’avons pas été les seuls à nous opposer à ce processus de cession. Bon nombre d’anciens dirigeants avaient fait état de leur opposition. Ce projet de cession pris sous l’emprise des banquiers, privait le groupe de toute potentialité substantielle d’avenir. Dès lors, nous affirmions que le remède était pire que le mal. Les faits nous ont donné raison.
Cette mobilisation de l’époque eut des répercussions bien au-delà de nos espérances. De nombreux contacts se formèrent pour approuver nos positions et sceller un consensus autour d’un seul leitmotiv, la défense des intérêts de l’ensemble des salariés et ceux du Groupe Gascogne. De ce mouvement naquit une intersyndicale regroupant l’ensemble des organisations du groupe, à savoir la CGT, la CFE-CGC, la CFDT et Force Ouvrière.
D’une même voix, nous nous sommes activés à la construction d’une nouvelle pérennité fondée sur un véritable projet industriel. C’est ainsi que depuis juillet 2012, près de 40 rencontres ont été organisées avec l’ensemble des acteurs sociaux-économiques, les responsables publics locaux, régionaux et nationaux. Ces rencontres, nous ont, pour certaines, beaucoup appris. Jamais nous n’avons eu un diagnostic aussi précis du mal dont souffre le Groupe Gascogne.
Côté experts et expertises, les conclusions des cabinets financiers Ernst and Young et stratégiques de Roland Berger, commentées par nos propres experts et consultants de la SECAFI, nous ont permis d’apprécier avec justesse, les difficultés financières générées par le poids de l’endettement et d’apprécier toutes les potentialités d’avenir, d’un Groupe intégré comme le nôtre.
Première conséquence, en février 2013, la direction générale renonce officiellement à la cession de sa branche complexe, initiée à l’époque par nos 14 partenaires-banquiers.
Deuxième conséquence, un constat unanime est fait, sur la nécessité de trouver de nouveaux partenaires-investisseurs capables d’insuffler une dynamique financière salvatrice.
Le remède parait simple. Mais c’est oublié que le poids d’une dette peut être rédhibitoire à toute construction d’un futur.
Personne ne conteste le poids de l’endettement et les répercussions financières sur notre trésorerie générale. Toutes les entreprises du groupe en souffrent directement ou indirectement, par défaut de moyens de maintenance et d’entretien ou par des difficultés d’approvisionnements. Les manques de matières premières altèrent de façon conséquente la productivité de nos usines.
La dette ne doit pas être le cancer généralisé qui affectera tous les organes vitaux de nos entreprises. Tous les salariés ressentent cette situation et l’inquiétude qu’ils traduisent aujourd’hui est légitime car ils sont convaincus que cela ne pourra perdurer.
Ils sentent que nous sommes à la croisée des chemins et sont conscients que notre destin devra être scellé dans les semaines ou mois qui viennent.
Ils savent aussi que l’abandon d’une partie de la dette reste l’élément déterminant conditionnant tout projet de reprise ou de partenariat. Comme nous l’avons déjà dénoncé, les banques ont aujourd’hui une position hégémonique sur l’activité économique des entreprises, des territoires et des pays. Elles n’assument plus le risque d’entreprendre en renonçant aux prêts nécessaires aux investissements et développements.
« Messieurs les banquiers
Qui est au service de qui ?
Vous avez le pouvoir de vie ou de mort sur nos emplois à travers l’avenir de nos usines. Assumez votre rôle consistant à alimenter le moteur économique pour ne pas devenir les fossoyeurs de nos emplois.
Nous avons besoin de vous et vous n’existerez plus, sans nous ».
Si demain, vous n’êtes pas partie prenante d’un projet d’avenir à court ou moyen terme, l’avenir du groupe et de ses emplois sera remis en cause très rapidement. Les accords bancaires successifs maintiennent notre activité sous menaces et génère une pression de plus en plus prégnante de nos clients et fournisseurs.
Alors, « Messieurs les banquiers, assumez les risques en investissant pour libérer Gascogne de l’asphyxie qui le guette. Participez à la construction d’un projet industriel à la mesure des potentialités et du savoir-faire des salariés du groupe Gascogne ».
Quelles potentialités nous diront ceux qui doutent ?
Tout d’abord cette formidable opportunité d’avoir des usines sur le lieu de gisement de la matière première « bois » si malmené aujourd’hui, mais qui demain, fera l’objet de toutes les convoitises.
Ne nous laissons pas convaincre par les prédateurs avides de rentabilité, qui tentent d’expliquer que l’avenir industriel français ne passerait pas par le bois. Cette filière en Aquitaine, qualifiée par les pouvoirs politiques comme un fleuron stratégique, au même titre que l’aéronautique, génère quelques 35 000 emplois.
Ne pas en tenir compte serait une grave erreur stratégique.
A ce propos, si un accord de confidentialité peut nous contraindre à ne pas divulguer un certain nombre d’informations financières, nous ne pouvons passer sous silence une conclusion de l’expertise Roland Berger étudiant plusieurs scénarios possibles pour l’avenir (avec ou sans la Forestière ou la branche bois).
Celle-ci conclut que la structure la plus économique et la plus rentable pour le groupe et notamment pour l’approvisionnement en bois de la papeterie, reste la configuration actuelle avec sa branche bois.
Ne pas en tenir compte, ce serait occulter les futures tensions sur les prix du bois dans un proche avenir. La viabilité économique de la papeterie est fragile et elle ne pourrait se payer le luxe d’un approvisionnement à n’importe quel prix.
L’enjeu est de taille et nous ne sommes pas les seuls à être convaincus que cette branche sera un atout dans un futur proche.
A titre comparatif, nos voisins de la profession, SMURFIT et TEMBEC possèdent eux aussi leurs scieries ou leurs structures d’approvisionnements et gestion de la forêt, dans leurs groupes respectifs.
Ne prenons pas le risque d’une nouvelle erreur stratégique en n’écoutant que ceux qui nous prédisent la fermeture de la moitié des scieries dans les années qui viennent. Le groupe Gascogne a suffisamment souffert des incompétences à imaginer l’avenir. Nous ne referons pas l’histoire et les responsabilités sur notre situation sont multiples. Accordons-nous simplement que les directions générales qui se sont succédées n’étaient pas à la hauteur des compétences nécessaires pour développer une véritable stratégie industrielle pour Gascogne.
Prenons le pari que les erreurs du passé, les virages manqués, serviront à construire plutôt qu’à démolir. Nous avons démontré que nous sommes capables de faire des propositions innovantes et constructives participant à l’élaboration d’un projet d’avenir pérennisant. Nous sommes disponibles et prêts à contribuer à l’intérêt général des salariés et celui du groupe Gascogne. Nous croyons au bon sens et à l’intelligence car ils peuvent triompher et remettre en cause des décisions paraissant infondées.
L’espoir et la détermination qui nous animent maintiennent la flamme de la confiance en l’avenir. Si l’argent peut résoudre bien des problèmes, elle ne pourra acheter la confiance qu’il sera nécessaire de bâtir entre nous.
Le groupe Gascogne, dernier papetier français intégré et premier employeur landais, ne connait pas de problèmes de carnet de commandes ou de marchés malgré la crise. Il souffre comme bon nombre d’entreprise, d’une longue traversée du désert sans investissements stratégiques majeurs. Sa rentabilité s’est lentement délitée jusqu’à ne plus pour pouvoir garantir l’incontournable auto investissement. Sous perfusion, nous sommes dans l’extraordinaire paradoxe d’être spectateur d’une autodestruction faute de médecin-réanimateur.
Extraordinaire paradoxe, quand on connait toutes les potentialités de développement de nos activités, irréalisables aujourd’hui, faute de moyens.
Il est encore temps d’agir et nous appelons tous les acteurs sociaux économiques publics et privés à se regrouper autour d’une reconstruction ambitieuse. Des pistes sont déjà tracées : comme le projet de chaudière biomasse, identifié comme vital pour Mimizan ou autour de perspectives innovantes de développement, comme c’est le cas avec la nouvelle machine de Dax et son papier à destination des matériaux composites.

Soyons convaincus que le papier, la cellulose, sont des matériaux renouvelables prometteurs qui peuvent assurer des profitabilités record, comparables aux industries pétrolières (exemple vérifiable avec nos voisins de TEMBEC TARTAS).


Pour finir, nous assumerons pleinement notre rôle de partenaires sociaux pour rebâtir cette confiance nécessaire et déterminante pour l’avenir, dans les conditions précédemment développées.
Nous sommes prêts à lutter pour la construction d’un véritable projet industriel ambitieux, aux côtés d’un groupe Gascogne prospère regroupant de véritables investisseurs industriels capables d’envisager le long terme, la recherche, le développements de nouveaux produits et des banques assumant leurs véritables prérogatives.



Nous sommes déterminés à continuer à vivre et travailler en Gascogne, à Gascogne.




Pour l’intersyndicale du Groupe Gascogne.
Cyrille Fournet



vendredi 21 juin 2013

photos assemblée generale



article sud ouest asemblée generale mont de marsan

 

À Mont-de-Marsan, le groupe Gascogne en assemblée générale : "On croise les doigts"

Environ 140 salariés et élus patientent devant les locaux de la CCI de Mont-de-Marsan, où se tient depuis 15 heures l'assemblée générale des actionnaires

Les représentants de la CGT, Thierry Le Bris et Cyrille Fournet, également actionnaires du groupe, assistaient aux débats

Les représentants de la CGT, Thierry Le Bris et Cyrille Fournet, également actionnaires du groupe, assistaient aux débats

Environ 140 personnes ont répondu à l'appel de l’intersyndicale (CGT, CFE-CGC, FO, CFDT) du groupe Gascogne qui invitait les salariés, mais aussi leurs familles, la population de la Communauté de communes de Mimizan, les maires et leurs conseils municipaux, les conseillers généraux et les élus de la République, à venir soutenir les salariés du groupe Gascogne lors de l'assemblée générale des actionnaires qui s'est ouverte à 15 heures, ce jeudi, à la Chambre de commerce et d'industrie de Mont-de-Marsan.
Parmi ceux-ci, beaucoup de salariés ou d'anciens salariés, leurs représentants bien sûr, mais aussi une dizaine d'élus de la Communauté de communes de Mimizan dont le maire de la ville centre, Christian Plantier, et le conseiller municipal et conseiller général Xavier Fortinon. Alors que la réunion débutait, le premier ne cachait pas son "inquiétude" quand au devenir du groupe. "On croise les doigts. Ce n'est pas nous, élus, qui pourront apporter les solutions, mais nous sommes là pour dire que nous croyons au potentiel de l'entreprise", résumait-il.
Le second évoquait "un moment charnière" et tenait à "saluer la responsabilité des salariés dont la préoccupation essentielle est la subsistance de leur outil de travail".
Les deux s'accordait sur le fait que le démantèlement de l'entreprise serait "une véritable catastrophe". "La disparition du groupe Gascogne ferait de Mimizan un territoire complètement sinistré. Ce n'est pas envisageable", commentait sans détour le représentant du Conseil général.
L'assemblée générale doit se poursuivre jusqu'à 17 heures. Les représentants CGT de l'entreprise, Thierry Le Bris et Cyrille Fournet, également actionnaires du groupe, assistaient aux débats.

article sud ouest assemblée generale

 

Mont-de-Marsan : la survie de Gascogne en filigrane de l’assemblée

Le chancelant groupe landais a tenu jeudi son assemblée générale, où la CGT a été applaudie

Cyrille Fournet (CGT) intervenait au nom de l’intersyndicale.

Cyrille Fournet (CGT) intervenait au nom de l’intersyndicale.

Il est rare que, lors des assemblées générales d’entreprises cotées, les déclarations de syndicalistes CGT soient applaudies par des membres du conseil d’administration. C’est pourtant ce qui s’est passé jeudi à Mont-de-Marsan, où le groupe landais Gascogne (bois, papier emballage) présentait ses mauvais résultats à ses actionnaires.
Cyrille Fournet, représentant de la CGT, intervenait au nom de l’intersyndicale représentant, outre la CGT, la CFDT, la CFE-CGC et FO. À leur appel, une grosse centaine des salariés des diverses usines du groupe (Marmande, Mimizan, Dax, etc.) avaient fait le déplacement. Une étape de plus dans la mobilisation opérée pour contribuer à sauver le groupe, qui compte plus de 2 000 emplois directs, et peut-être autant d’indirects.
« Il faut sauver le bois » Une bonne partie des membres du conseil d’administration du groupe n’avait pas fait, jeudi, le déplacement de Mont-de-Marsan pour assister à l’assemblée générale. Celle-ci, qui se tenait dans l’amphithéâtre de la CCI, a réuni une cinquantaine de personnes. Et les débats ont été sensiblement moins houleux que l’an dernier.
Il faut dire qu’en juin 2012, Gascogne avait annoncé, sous la pression de ses banques, son intention de mettre en vente sa branche « Laminates » (emballages complexes), qui est sans doute son plus beau fleuron, du fait notamment de gros investissements effectués récemment dans l’usine de Dax. Un choix qui avait alors été contesté publiquement entre autres par Philippe Simon et Dominique Durand, anciens hauts dirigeants du groupe.
Par la bouche de Cyrille Fournet (CGT), les syndicats s’étaient aussi vigoureusement opposés à ce scénario. Le même Cyrille Fournet s’est réjoui hier, devant les actionnaires, qu’ils aient été entendus. Et dans son intervention, il a plaidé entre autres pour que la branche bois - la plus branlante -, ne soit pas écartée d’un éventuel scénario du groupe, qui est peut-être en train de se dessiner laborieusement. « Ne nous laissons pas convaincre par les prédateurs avides de rentabilité, qui tentent d’expliquer que l’avenir industriel français ne passerait pas par le bois. » On saura peut-être bientôt s’il a été entendu.
L’assemblée générale d’hier a été moins conflictuelle que celle de 2012, si l’on excepte le questionnaire en forme de réquisitoire adressé à la direction par Jean-Luc Imberty, ex-patron de la branche bois, en litige avec le groupe. Mais, aujourd’hui, l’objectif essentiel n’est plus de pointer les multiples erreurs de ces dernières années. La priorité, c’est d’assurer la survie de cet ensemble, dont l’effondrement entraînerait un séisme économique et social.
À travers ce qui s’est dit hier lors de l’assemblée, et ce qu’on peut collecter par ailleurs, la situation peut se résumer ainsi : le groupe, qui a une dette de 100 millions, a obtenu un moratoire de ses banques jusqu’au 30 septembre. Son actionnaire majoritaire, la holding financière EEM, dont la pérennité est elle-même sujette à caution, ne peut plus y investir. La seule solution passe donc par un rachat. Trois candidats potentiels - des fonds d’investissement - se sont manifestés auprès du Ciri, l’« hôpital » de Bercy pour les groupes en difficulté. Les émissaires de ces acheteurs potentiels, dont il se murmure que l’un serait plus intéressé que les autres, visitent les divers sites du groupe. Des offres formelles pourraient venir bientôt.
L’acheteur éventuel pourra se payer Gascogne pour pas cher. Mais une reprise ne sera pas viable si les futurs actionnaires majoritaires n’injectent pas de l’argent frais, et si les 14 banques n’acceptent pas de s’asseoir sur une partie substantielle de leurs créances.
C’est à ce thème qu’était consacrée hier une bonne partie de l’intervention du syndicaliste Cyrille Fournet, évoquant « le poids d’une dette rédhibitoire à toute construction d’un futur », et demandant aux banquiers « de libérer Gascogne de l’asphyxie qui la guette ». Des propos salués aussi bien par le financier François Gontier, président d’EEM, que par le directeur général opérationnel Patrick Bordessoule. Ce dernier, nommé il y a huit mois pour tenter de sauver Gascogne du pire, a rendu hommage, dans la foulée, à l’implication des salariés. Il semble en effet que, dans la tempête, tout l’équipage se mobilise pour éviter le naufrage. On saura d’ici quelques mois, voire quelques semaines, si le bateau arrive au port.