vendredi 21 juin 2013

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Mont-de-Marsan : la survie de Gascogne en filigrane de l’assemblée

Le chancelant groupe landais a tenu jeudi son assemblée générale, où la CGT a été applaudie

Cyrille Fournet (CGT) intervenait au nom de l’intersyndicale.

Cyrille Fournet (CGT) intervenait au nom de l’intersyndicale.

Il est rare que, lors des assemblées générales d’entreprises cotées, les déclarations de syndicalistes CGT soient applaudies par des membres du conseil d’administration. C’est pourtant ce qui s’est passé jeudi à Mont-de-Marsan, où le groupe landais Gascogne (bois, papier emballage) présentait ses mauvais résultats à ses actionnaires.
Cyrille Fournet, représentant de la CGT, intervenait au nom de l’intersyndicale représentant, outre la CGT, la CFDT, la CFE-CGC et FO. À leur appel, une grosse centaine des salariés des diverses usines du groupe (Marmande, Mimizan, Dax, etc.) avaient fait le déplacement. Une étape de plus dans la mobilisation opérée pour contribuer à sauver le groupe, qui compte plus de 2 000 emplois directs, et peut-être autant d’indirects.
« Il faut sauver le bois » Une bonne partie des membres du conseil d’administration du groupe n’avait pas fait, jeudi, le déplacement de Mont-de-Marsan pour assister à l’assemblée générale. Celle-ci, qui se tenait dans l’amphithéâtre de la CCI, a réuni une cinquantaine de personnes. Et les débats ont été sensiblement moins houleux que l’an dernier.
Il faut dire qu’en juin 2012, Gascogne avait annoncé, sous la pression de ses banques, son intention de mettre en vente sa branche « Laminates » (emballages complexes), qui est sans doute son plus beau fleuron, du fait notamment de gros investissements effectués récemment dans l’usine de Dax. Un choix qui avait alors été contesté publiquement entre autres par Philippe Simon et Dominique Durand, anciens hauts dirigeants du groupe.
Par la bouche de Cyrille Fournet (CGT), les syndicats s’étaient aussi vigoureusement opposés à ce scénario. Le même Cyrille Fournet s’est réjoui hier, devant les actionnaires, qu’ils aient été entendus. Et dans son intervention, il a plaidé entre autres pour que la branche bois - la plus branlante -, ne soit pas écartée d’un éventuel scénario du groupe, qui est peut-être en train de se dessiner laborieusement. « Ne nous laissons pas convaincre par les prédateurs avides de rentabilité, qui tentent d’expliquer que l’avenir industriel français ne passerait pas par le bois. » On saura peut-être bientôt s’il a été entendu.
L’assemblée générale d’hier a été moins conflictuelle que celle de 2012, si l’on excepte le questionnaire en forme de réquisitoire adressé à la direction par Jean-Luc Imberty, ex-patron de la branche bois, en litige avec le groupe. Mais, aujourd’hui, l’objectif essentiel n’est plus de pointer les multiples erreurs de ces dernières années. La priorité, c’est d’assurer la survie de cet ensemble, dont l’effondrement entraînerait un séisme économique et social.
À travers ce qui s’est dit hier lors de l’assemblée, et ce qu’on peut collecter par ailleurs, la situation peut se résumer ainsi : le groupe, qui a une dette de 100 millions, a obtenu un moratoire de ses banques jusqu’au 30 septembre. Son actionnaire majoritaire, la holding financière EEM, dont la pérennité est elle-même sujette à caution, ne peut plus y investir. La seule solution passe donc par un rachat. Trois candidats potentiels - des fonds d’investissement - se sont manifestés auprès du Ciri, l’« hôpital » de Bercy pour les groupes en difficulté. Les émissaires de ces acheteurs potentiels, dont il se murmure que l’un serait plus intéressé que les autres, visitent les divers sites du groupe. Des offres formelles pourraient venir bientôt.
L’acheteur éventuel pourra se payer Gascogne pour pas cher. Mais une reprise ne sera pas viable si les futurs actionnaires majoritaires n’injectent pas de l’argent frais, et si les 14 banques n’acceptent pas de s’asseoir sur une partie substantielle de leurs créances.
C’est à ce thème qu’était consacrée hier une bonne partie de l’intervention du syndicaliste Cyrille Fournet, évoquant « le poids d’une dette rédhibitoire à toute construction d’un futur », et demandant aux banquiers « de libérer Gascogne de l’asphyxie qui la guette ». Des propos salués aussi bien par le financier François Gontier, président d’EEM, que par le directeur général opérationnel Patrick Bordessoule. Ce dernier, nommé il y a huit mois pour tenter de sauver Gascogne du pire, a rendu hommage, dans la foulée, à l’implication des salariés. Il semble en effet que, dans la tempête, tout l’équipage se mobilise pour éviter le naufrage. On saura d’ici quelques mois, voire quelques semaines, si le bateau arrive au port.

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