Déclaration faite à
l’Assemblée Générale du GROUPE GASCOGNE du 20/06/2013 et lettre
ouverte aux salariés
Il y a un an, le 5 juin
2012, lors de cette même assemblée, le collectif des syndicats CGT
du Groupe Gascogne, appelait l’ensemble de ses salariés à se
mobiliser pour lutter contre la mise en vente de sa branche
« complexe. Il est utile de rappeler que nous n’avons pas été
les seuls à nous opposer à ce processus de cession. Bon nombre
d’anciens dirigeants avaient fait état de leur opposition. Ce
projet de cession pris sous l’emprise des banquiers, privait le
groupe de toute potentialité substantielle d’avenir. Dès lors,
nous affirmions que le remède était pire que le mal. Les faits
nous ont donné raison.
Cette mobilisation de
l’époque eut des répercussions bien au-delà de nos espérances.
De nombreux contacts se formèrent pour approuver nos positions et
sceller un consensus autour d’un seul leitmotiv, la défense des
intérêts de l’ensemble des salariés et ceux du Groupe Gascogne.
De ce mouvement naquit une intersyndicale regroupant l’ensemble des
organisations du groupe, à savoir la CGT, la CFE-CGC, la CFDT et
Force Ouvrière.
D’une même voix, nous
nous sommes activés à la construction d’une nouvelle pérennité
fondée sur un véritable projet industriel. C’est ainsi que depuis
juillet 2012, près de 40 rencontres ont été organisées avec
l’ensemble des acteurs sociaux-économiques, les responsables
publics locaux, régionaux et nationaux. Ces rencontres, nous ont,
pour certaines, beaucoup appris. Jamais nous n’avons eu un
diagnostic aussi précis du mal dont souffre le Groupe Gascogne.
Côté experts et
expertises, les conclusions des cabinets financiers Ernst and Young
et stratégiques de Roland Berger, commentées par nos propres
experts et consultants de la SECAFI, nous ont permis d’apprécier
avec justesse, les difficultés financières générées par le poids
de l’endettement et d’apprécier toutes les potentialités
d’avenir, d’un Groupe intégré comme le nôtre.
Première conséquence,
en février 2013, la direction générale renonce officiellement à
la cession de sa branche complexe, initiée à l’époque par nos 14
partenaires-banquiers.
Deuxième conséquence,
un constat unanime est fait, sur la nécessité de trouver de
nouveaux partenaires-investisseurs capables d’insuffler une
dynamique financière salvatrice.
Le remède parait
simple. Mais c’est oublié que le poids d’une dette peut être
rédhibitoire à toute construction d’un futur.
Personne ne conteste le
poids de l’endettement et les répercussions financières sur notre
trésorerie générale. Toutes les entreprises du groupe en souffrent
directement ou indirectement, par défaut de moyens de maintenance et
d’entretien ou par des difficultés d’approvisionnements. Les
manques de matières premières altèrent de façon conséquente la
productivité de nos usines.
La dette ne doit pas être
le cancer généralisé qui affectera tous les organes vitaux de nos
entreprises. Tous les salariés ressentent cette situation et
l’inquiétude qu’ils traduisent aujourd’hui est légitime car
ils sont convaincus que cela ne pourra perdurer.
Ils sentent que nous
sommes à la croisée des chemins et sont conscients que notre destin
devra être scellé dans les semaines ou mois qui viennent.
Ils savent aussi que
l’abandon d’une partie de la dette reste l’élément
déterminant conditionnant tout projet de reprise ou de partenariat.
Comme nous l’avons déjà dénoncé, les banques ont aujourd’hui
une position hégémonique sur l’activité économique des
entreprises, des territoires et des pays. Elles n’assument plus le
risque d’entreprendre en renonçant aux prêts nécessaires aux
investissements et développements.
« Messieurs les
banquiers
Qui est au service de
qui ?
Vous avez le pouvoir
de vie ou de mort sur nos emplois à travers l’avenir de nos
usines. Assumez votre rôle consistant à alimenter le moteur
économique pour ne pas devenir les fossoyeurs de nos emplois.
Nous avons besoin de
vous et vous n’existerez plus, sans nous ».
Si demain, vous n’êtes
pas partie prenante d’un projet d’avenir à court ou moyen terme,
l’avenir du groupe et de ses emplois sera remis en cause très
rapidement. Les accords bancaires successifs maintiennent notre
activité sous menaces et génère une pression de plus en plus
prégnante de nos clients et fournisseurs.
Alors, « Messieurs
les banquiers, assumez les risques en investissant pour libérer
Gascogne de l’asphyxie qui le guette. Participez à la
construction d’un projet industriel à la mesure des potentialités
et du savoir-faire des salariés du groupe Gascogne ».
Quelles potentialités
nous diront ceux qui doutent ?
Tout d’abord cette
formidable opportunité d’avoir des usines sur le lieu de gisement
de la matière première « bois » si malmené
aujourd’hui, mais qui demain, fera l’objet de toutes les
convoitises.
Ne nous laissons pas
convaincre par les prédateurs avides de rentabilité, qui tentent
d’expliquer que l’avenir industriel français ne passerait pas
par le bois. Cette filière en Aquitaine, qualifiée par les pouvoirs
politiques comme un fleuron stratégique, au même titre que
l’aéronautique, génère quelques 35 000 emplois.
Ne pas en tenir compte
serait une grave erreur stratégique.
A ce propos, si un accord
de confidentialité peut nous contraindre à ne pas divulguer un
certain nombre d’informations financières, nous ne pouvons passer
sous silence une conclusion de l’expertise Roland Berger étudiant
plusieurs scénarios possibles pour l’avenir (avec ou sans la
Forestière ou la branche bois).
Celle-ci conclut que la
structure la plus économique et la plus rentable pour le groupe et
notamment pour l’approvisionnement en bois de la papeterie, reste
la configuration actuelle avec sa branche bois.
Ne pas en tenir compte,
ce serait occulter les futures tensions sur les prix du bois dans un
proche avenir. La viabilité économique de la papeterie est fragile
et elle ne pourrait se payer le luxe d’un approvisionnement à
n’importe quel prix.
L’enjeu est de taille
et nous ne sommes pas les seuls à être convaincus que cette branche
sera un atout dans un futur proche.
A titre comparatif, nos
voisins de la profession, SMURFIT et TEMBEC possèdent eux aussi
leurs scieries ou leurs structures d’approvisionnements et gestion
de la forêt, dans leurs groupes respectifs.
Ne prenons pas le risque
d’une nouvelle erreur stratégique en n’écoutant que ceux qui
nous prédisent la fermeture de la moitié des scieries dans les
années qui viennent. Le groupe Gascogne a suffisamment souffert des
incompétences à imaginer l’avenir. Nous ne referons pas
l’histoire et les responsabilités sur notre situation sont
multiples. Accordons-nous simplement que les directions générales
qui se sont succédées n’étaient pas à la hauteur des
compétences nécessaires pour développer une véritable stratégie
industrielle pour Gascogne.
Prenons le pari que les
erreurs du passé, les virages manqués, serviront à construire
plutôt qu’à démolir. Nous avons démontré que nous sommes
capables de faire des propositions innovantes et constructives
participant à l’élaboration d’un projet d’avenir pérennisant.
Nous sommes disponibles et prêts à contribuer à l’intérêt
général des salariés et celui du groupe Gascogne. Nous croyons au
bon sens et à l’intelligence car ils peuvent triompher et remettre
en cause des décisions paraissant infondées.
L’espoir et la
détermination qui nous animent maintiennent la flamme de la
confiance en l’avenir. Si l’argent peut résoudre bien des
problèmes, elle ne pourra acheter la confiance qu’il sera
nécessaire de bâtir entre nous.
Le groupe Gascogne,
dernier papetier français intégré et premier employeur landais, ne
connait pas de problèmes de carnet de commandes ou de marchés
malgré la crise. Il souffre comme bon nombre d’entreprise, d’une
longue traversée du désert sans investissements stratégiques
majeurs. Sa rentabilité s’est lentement délitée jusqu’à ne
plus pour pouvoir garantir l’incontournable auto investissement.
Sous perfusion, nous sommes dans l’extraordinaire paradoxe d’être
spectateur d’une autodestruction faute de médecin-réanimateur.
Extraordinaire paradoxe,
quand on connait toutes les potentialités de développement de nos
activités, irréalisables aujourd’hui, faute de moyens.
Il est encore temps
d’agir et nous appelons tous les acteurs sociaux économiques
publics et privés à se regrouper autour d’une reconstruction
ambitieuse. Des pistes sont déjà tracées : comme le projet de
chaudière biomasse, identifié comme vital pour Mimizan ou autour de
perspectives innovantes de développement, comme c’est le cas avec
la nouvelle machine de Dax et son papier à destination des matériaux
composites.
Soyons convaincus que
le papier, la cellulose, sont des matériaux renouvelables
prometteurs qui peuvent assurer des profitabilités record,
comparables aux industries pétrolières (exemple vérifiable
avec nos voisins de TEMBEC TARTAS).
Pour finir, nous
assumerons pleinement notre rôle de partenaires sociaux pour rebâtir
cette confiance nécessaire et déterminante pour l’avenir, dans
les conditions précédemment développées.
Nous sommes prêts à
lutter pour la construction d’un véritable projet industriel
ambitieux, aux côtés d’un groupe Gascogne prospère regroupant de
véritables investisseurs industriels capables d’envisager le long
terme, la recherche, le développements de nouveaux produits et des
banques assumant leurs véritables prérogatives.
Nous sommes déterminés
à continuer à vivre et travailler en Gascogne, à Gascogne.
Pour l’intersyndicale
du Groupe Gascogne.
Cyrille Fournet
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